tait à la profondeur de son génie, ne put faire illusion sur l’obscurité et le peu d’ordre de ses expositions. On aurait dit que toujours maître de sa matière, pouvant la prendre à volonté par tous ses points, il supposait dans ses auditeurs la même capacité, et c’est toujours de la supposition contraire qu’un professeur doit partir.
Cependant M. Berthollet obtint l’une des places qu’occupait Macquer, celle de commissaire du gouvernement pour les teintures, et en cela encore justice entière fut faite, et un grand service fut rendu au public. Il s’occupa aussitôt d’appliquer au perfectionnement de l’art les progrès récents de la chimie, et dès son début il l’enrichit d’un procédé dont les avantages ont été incalculables. Scheele avait observé que l’acide muriatique déphlogistiqué, comme on le nommait alors, ou le chlore des chimistes d’aujourd’hui, jouit de la propriété de détruire les couleurs végétales. M. Berthollet pensa à tirer parti de cette expérience pour le blanchîment des toiles en y appliquant simplement cet acide. La toile blanchissait à la vérité, mais sa blancheur ne se conservait point. Il dut donc se livrer à des études et à des expériences plus approfondies. Réfléchissant que les procédés ordinaires du blanchîment, ces alternatives de lessives et d’exposition à l’air et à la lumière, ne pouvaient avoir pour but que de rendre solubles et d’enlever les substances qui brunissent les fils, il conçut l’idée que l’acide muriatique déphlogistiqué, qui agit à la fois comme l’air et comme la lumière, pourrait faire en peu de temps ce que ces agents naturels ne font qu’en plusieurs mois, mais que pour compléter son effet il était nécessaire de combiner son action avec celle des lessives, et c’est alors