Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/343

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aux mois d’août 1836 et d’avril 1840, à l’administration des mines, par M. Seriez, ingénieur, chargé du service des départements du Lot et de l’Aveyron, ne laissent aucun doute sur l’importance et l’origine de ces travaux : « De tous les départements qui constituent le plateau central de la France, celui de l’Aveyron est, sans contredit, le plus riche en espèces métalliques..... La plupart des mines sont disposées sur une zone, dont Villefranche est le centre, et qui s’étend de Figeac à Laguépie, en parcourant, sur une largeur d’environ 3 lieues, la limite des terrains anciens et des terrains secondaires[1]..... Les nombreux filons dont elle se compose ont été, pour la plupart, l’objet d’exploitations fort étendues et dont l’ori gine remonte à l’antiquité la plus reculée ; de sorte qu’il n’est guère possible de préciser la date des premiers travaux. Cependant on voit dans Tacite que, sous l’empire de Tibère, ces mines enrichissaient les peuples du pays et fomentaient l’avarice et la cupidité des gouverneurs de la province. D’un autre côté Strabon rapporte que non seulement elles étaient exploitées avec succès, mais qu’elles avaient donné lieu à un commerce actif d’orfèvrerie. Enfin quelques passages assez obscurs des Commentaires de César donnent lieu de penser que ces mines étaient exploitées longtemps avant l’invasion des Gaules..... »

Onze siècles après la conquête romaine, ces gîtes métallifères avaient attiré un si grand nombre d’ouvriers, que Raymond de Saint-Gilles songea à les réunir en fondant une ville destinée à devenir la capitale de ses possessions en Rouergue. Ce projet ne fut pas exécuté ; mais en 1252, le nombre d’ouvriers s’étant augmenté, Alphonse de France, comte de Toulouse et de Rouergue, donna la permission de construire Villefranche sur la rive droite de l’Aveyron. Si la présence en cet endroit d’une nombreuse population ouvrière nécessite la construction d’une ville, qui, en 1256, c’est-à-dire 4 ans plus tard, nomme déjà 4 consuls pour la gouverner, ne doit-on pas

  1. On trouve également des traces d’anciennes exploitations, mais de moindre importance, au Minier, à 0rzals, à Conques, à Aubrac, Sévérac, etc.