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LA COMTESSE MOLLIEN
Claremont 21 août [1850].

Vous serez sans doute, Madame, quelque peu surprise du rapprochement de la date et de la signature de cette lettre. En passant par Paris dernièrement, je m’étais informée si vous y étiez pour vous demander vos commissions pour la Reine, pour vous dire aussi comment et pourquoi je me rendais près d’elle ; c’est une consolation que je ne sais pas repousser que de croire à votre interêt.

Depuis mon arrivée, je me promettais tous les jours de vous donner des nouvelles du Roi : elles ne sont rien moins que bonnes ; la Reine est inévitablement menacée d’un malheur pareil au mien et le chemin qui l’y conduit est bien autrement rude ! Un triste événement vient encore d’aggraver les soins et les soucis qui dévorent sa vie. Mme la desse d’Aumale, il y a quelques jours, est tout à coup accouchée à 8 mois, d’un enfant mort. C’était une fille, si chétive, si peu bien conformée que, fut-elle venue à terme, on assure qu’elle ne pouvait pas vivre. Le chagrin a donc été médiocre, mais le trouble a été grand. On devait partir le lendemain pour Richmond, il a fallu d’abord rester. Il faudrait maintenant y aller, parce que Mme la Desse d’Orléans y est, que la Psse Clémentine y arrive, et que le Roi se persuade que le changement d’air et de place lui sera salutaire.

La Dsse d’Aumale est très bien ; on ne se ferait pas de scrupule de la laisser ici, parce que la Psse de Joinville resterait avec elle. Ce n’est donc plus elle qui retient, mais c’est Mgr  le duc de Nemours qui garde la chambre depuis quelques