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PROMOTION DE CHEVALIERS DES ORDRES

C’est ainsi que la prévision des faibles mortels est souvent trompée par les décrets de la Providence et que nos cris d’allégresse devaient se transformer en larmes de regrets. Je dois à Pozzo la justice de reconnaître qu’il a été du bien petit nombre de gens qui le prédirent dès alors.

Le duc de Wellington exprimait à peu près la même idée, au mariage de monsieur le duc de Berry, lorsqu’en répondant à quelqu’un qui trouvait madame la duchesse de Berry trop frêle pour donner l’espoir d’avoir des enfants, il dit : « Ce serait un grand bonheur pour la Restauration. Sa meilleure chance pour s’établir est de laisser l’espérance de l’extinction de la branche régnante ! »

Les partis firent courir des bruits sur la naissance de monsieur le duc de Bordeaux que la royale impudeur de sa mère ne permit pas de soutenir.

Je n’entrerai dans aucun détail ni sur ses couches, ni sur le procès de la reine d’Angleterre. Tout ce que je dirai c’est qu’entre les procès-verbaux de l’héroïsme maternel de l’une de ces princesses et les scandaleuses dépositions sur la vie de l’autre, les gazettes furent, pendant quelques jours, d’une si dégoûtante indécence qu’on n’osait pas les laisser sur la table.

Il y eut au moment du baptême de monsieur le duc de Bordeaux une promotion de chevaliers des ordres. On avait hésité à en faire jusque-là parce que le Roi ne pouvait tenir chapitre avant d’avoir été sacré, et les infirmités de Louis XVIII ne lui permettaient pas de s’exposer à tous les regards pendant une si longue et si fatigante cérémonie.

On se décida cependant à faire des chevaliers. Mon père ne fut point porté sur la liste. Il en fut même comme exclu, car tous les autres ambassadeurs, en acti-