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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/134

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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

assez neutres et moi, qui nous trouvions témoins de tout cet embarras, échangeâmes un sourire. Il y eut un instant de silence, puis on parla d’autre chose.

Monsieur Genoude assurément ne doutait en aucune façon de l’authenticité de la pièce publiée. Pourquoi donc ce langage ? Se méfiait-il de l’auditoire et mentait-il sciemment, ou bien croyait-il la position du parti carliste assez bonne pour se pouvoir passer de la misère et de la guerre étrangère comme auxiliaires ? Il est aussi rempli d’illusions que de mensonges, et l’on peut supposer l’un et l’autre.

En tout cas, il ne refusait pas l’assistance de la peste, car il faisait partie du comité qui sollicitait madame la duchesse de Berry de hâter son arrivée pour en profiter.

Les projets de cette princesse n’étaient un secret pour personne, non plus que le scandale de sa vie en Italie.

Il était si patent qu’il autorisait le vicomte de La Rochefoucauld à me dire, quelques mois plus tard, combien il regrettait de s’être refusé à se rendre auprès d’elle à Massa comme on l’en sollicitait : il aurait certainement empêché sa malencontreuse tentative.

« Pensez-vous avoir pu réussir à l’arrêter ?

— Sans aucun doute, je n’aurais consenti à être son amant qu’à cette condition. »

Je sais les ridicules de monsieur de La Rochefoucauld, et ce dialogue en est une nouvelle preuve ; mais, pour oser parler ainsi d’une princesse, de la mère de celui qu’on salue du nom de son Roi, il faut qu’elle y ait terriblement donné lieu.

J’ignore si monsieur de Chateaubriand était dans la confidence de l’entreprise de madame la duchesse de Berry, mais, se soumettant en apparence aux frayeurs