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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

de ne point servir ; on insista, il résista. On l’arrêta, on le traîna en prison, il résista encore. L’Empereur avait bonne envie de l’envoyer à Charenton. On obtint à grand’peine qu’il restât à Vincennes. Enfin, ne pouvant vaincre son opposition et craignant peut-être que cette folie ne devînt contagieuse, l’Empereur le fit relâcher en lui ordonnant de quitter l’empire où il ne voulait pas de ce conspirateur de sacristie. Et, content de l’affubler de ce sobriquet ironique, il lui ouvrit les portes de la prison en lui fermant celles de la patrie. C’est la seule personne qui, à ma connaissance, ait résisté à l’Empereur, comme madame de Chevreuse est la seule qui ait été forcée de prendre une place à la Cour impériale.

Alexis de Noailles n’avait pas été le seul à recevoir un brevet de sous-lieutenant ; il y en avait eu une douzaine d’envoyés, en même temps, aux jeunes gens dont les familles faisaient le plus de tapage de leur opposition. Ils avaient été expédiés à la suite d’un bal costumé donné par madame du Cayla, où l’on déploya assez de magnificence pour que le bruit en parvînt aux oreilles de l’Empereur. Il voulait bien que les personnes en dehors de son gouvernement végétassent en paix et en tranquillité, mais, dès qu’on cherchait à se faire remarquer en quelque genre que ce fût, il fallait qu’on se rattachât à son gouvernement ; il n’admettait aucune distinction qui n’émanât de lui.

Au reste, il jugea bien en cette circonstance car, à l’exception d’Alexis, tous ces sous-lieutenants, violemment improvisés, devinrent de fort zélés soutiens de la couronne impériale. Je ne sais si déjà, à cette époque, madame du Cayla était avec le duc de Rovigo dans les liaisons intimes que la prodigieuse ressemblance de son fils a constatées.

Depuis qu’elle s’est donnée en spectacle au public par