Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/236

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J’ai parlé des filons qui coupaient quelques uns de ces dykes. Il est évident qu’ils sont sortis postérieurement à leur consolidation. Ils sont très multipliés autour des cheminées principales, et par leur nature non moins que par leur nombre, méritent d’être placés à part dans une seconde période d’éruption. La pâte en est compacte, homogène, presque noire ; les cristaux de feldspath visibles ne se distinguent que par le miroitement de petites aiguilles blanches. L’amphibole, très commune dans les trachytes, en est presque bannie ; leur structure est ordinairement prismatique ou tabulaire. C’est à cette période que je crois devoir rapporter les nappes étendues qui couvrent le plateau à l’est et en avant de Dienne, nappes que l’on exploite pour la toiture des maisons de Murat. M. Burat a décrit ces roches sous le nom de trachytes homogènes compactes, mais sans déterminer leur âge. M. Bouillet les considère comme des phonolites ; et cette opinion, que j’ai d’abord partagée, est assez bien fondée sur leur structure éminemment tabulaire, leur cassure écailleuse et nacrée dans un sens, et la lamellosité des cristaux de feldspath disséminés. Mais ce rapprochement est repoussé par le mode d’émission de ces laves en nappes, mode qui n’est pas ordinaire aux phonolites. La couleur foncée et presque noire de ces masses n’est pas sans importance, et je ne puis m’empêcher de rappeler ces lignes de M. de Humbolt, page 319 de son Essai sur le gisement des roches. « Les teintes pâles dominent dans les trachytes des Cordilières, et les masses noires de cette roche m’ont paru en général postérieures aux masses blanches, grises et rouges. La même différence de gisement paraît avoir lieu en Hongrie. » On dirait cette phrase faite pour le Cantal, auquel elle s’applique complètement. Cette masse du plateau de Dienne à son analogue aux environs de la roche Sanadoire, au nord du lac de Guery, et je puis m’appuyer ici de l’opinion d’un géologue qui a profondément étudié les trachytes.

« Peut-être certaines roches noires, dit M. Beudant (Voyage en Hongrie, tome III, p. 337), peut-être certaines roches noires basaltoïdes divisées en prismes, qu’on rencontre au pied de la roche Sanadoire, ou sur les pentes du Puy-Gros, en Auvergne, sont-elles analogues au trachyte semi-vitreux de Hongrie. Ce qu’il y a de certain, c’est que ces roches, qu’on a toujours nommées basaltes, n’ont pas les caractères des autres basaltes de cette contrée : leur pâte est plus feldspathique ; elles ne renferment pas d’olivine, et elles semblent, par leur position, se rattacher à la masse des véritables trachytes. » Si l’on se rappelle que les trachytes semi-vitreux de Hongrie se trouvent à l’extérieur des groupes trachytiques et rejetées au bord des plaines, on reconnaîtra que dans les Cordilières, en Hongrie, en Auvergne, on retrouve le même phénomène de masses trachytiques d’un gris foncé, dans une position excentrique et d’un âge postérieur aux groupes centraux de trachyte. Ce n’est pas une anomalie importante que la présence de filons de ce trachyte gris-noir au centre du cratère, et notamment à la base du Puy-Griou. Ces filons, venus après la consolidation