Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Les couches des monts Carpathiques, ainsi que les molasses déposées à leur pied, et roulées horizontalement ou sur un plan incliné, ont subi un refoulement, d’un côté du sud est au nord-ouest, et de l’autre du sud-ouest au nord-est, ce qui a produit une multitude de contournemens, d’inclinaisons opposées et de sillons longitudinaux. Les fentes transversales ont été formées, soit en même temps, soit plus tard.

Les masses des Carpathes appartenant au grand système crétacé de l’Europe méridionale, leur redressement tombe nécessairement dans l’époque tertiaire ; mais les couches de la molasse, surtout le pied nord des Carpathes, ont pris part à ces mouvemens de bascule ; donc cette révolution est au moins postérieure au dépôt du terrain tertiaire inférieur.

D’une autre part, les deux lignes de fracture, produites par ce redressement unique, ayant des directions diamétralement opposées, ou les Carpathes décrivant un arc de cercle, il faut reconnaître qu’un seul et même redressement a formé quelquefois des lignes de fractures non parallèles, puisque les molasses ont été aussi bien affectées par le mouvement du nord-est au sud-ouest, que par celui du nord-ouest au sud-est.

Les lignes de fractures du sud-ouest au nord-est appartiendraient, d’après M. de Beaumont, à une révolution antérieure à l’existence du grès vert ; et celles du nord-ouest au sud-est à une autre révolution entre la période du dépôt de la craie et la période des terrains tertiaires ; or, ni l’une ni l’autre de ces suppositions ne serait applicable au redressement plus récent des Carpathes. Bref, la structure de ces montagnes renverse à elle seule la doctrine du parallélisme de tous les redressemens d’une même époque, doctrine du reste déjà abandonnée par son auteur.

Pour déterminer l’âge des révolutions qui ont redressé les chaînes schisteuses, il nous manque des données suffisantes, car le sol crétacé n’en est pas séparé par des dépôts secondaires, et quelques uns de ces groupes ont pu subir les effets de plusieurs redressemens ; ainsi, si toutes paraissent avoir été bouleversées, au moins avant la période crétacée la chaîne primaire de la Bukowine et même le groupe du Tatra ont pu prendre part au mouvement de bascule qui a redressé les couches carpathiques. Le soulèvement de ces montagnes peut même nous indiquer la place des centres d’action. D’autres groupes ont pu subir partiellement les influences des éruptions tertiaires ; les observations devront être dirigées dans ce sens.

D’un autre côté, les chaînes de la Hongrie occidentale n’étant que le prolongement des Alpes, le calcaire jurassique et même des grès rouges couvrant quelquefois en stratification discordante le sol alpin ancien, on pourrait être tenté de placer l’époque de redressement des montagnes en question, du moins avant la formation des couches jurassiques et même de quelques grès rouges secondaires.

L’adoption de cette conclusion conduirait donc encore à une supposition incompatible,