Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/159

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son caractère absolument sûr, lui paraissait un Député très préférable à M. Duthil, et qu’il fallait, dès avant le premier tour de scrutin, où l’appui du marquis de Lusignan et le mien ne pouvaient manquer de lui donner l’avantage, intervenir en sa faveur, comme je me réservais de faire seulement au second,

Cette résolution, prématurée tout au moins, était, sans aucun doute, inspirée à M. Duchâtel par M. Sylvain Dumon, qui savait M. Duthil absolument inaccessible à son influence, comme le marquis de Lusignan, et pensait avoir plus aisément raison du caractère facile de M. de Vigier. — Il se trompait.

J’essayai vainement de démontrer, à mon grand chef, l’imprudence de la candidature « officielle » de M. de Vigier, qui ferait porter de suite, du côté de son concurrent, les voix de l’Opposition libérale, et donnerait, au succès possible de celui-ci, le caractère d’un échec du Gouvernement. Je reçus, avec force compliments sur ce que pouvait mon action personnelle, l’invitation très nette, de promettre à M. de Vigier l’appui du Ministère, s’il se présentait.

Je levai facilement les dernières hésitations de ce personnage irrésolu, qui s’empressa d’adresser aux électeurs sa profession de foi politique, et de se mettre en campagne, comme candidat « officiel ».

L’effet prévu se produisit immédiatement, et bientôt, le Préfet m’appela pour me déclarer que, M. de Vigier ne semblant pas de taille à lutter contre la coalition des amis de M. Duthil et des opposants de Gauche, le Gouvernement se décidait à mettre en avant le propre beau-frère de M. Sylvain Dumon : M. Rotch-Barsalou,