Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/225

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mais d’un aplomb superbe, impossible à démonter. Originaire de la Charente, — quoiqu’il fût bien digne d’appartenir à la race gasconne, fils unique d’un homme de loi relativement riche, il avait fait quelques études de Droit, et tant de sottises, que ce père, avant de mourir, mettait sa fortune entière à l’abri, sous le nom de sa femme. Or, celle-ci, disait-on, tint sans faiblir, le cher prodigue serré de si près, qu’il entra dans l’Administration, grâce à je ne sais quelles coupables complaisances, pour y chercher un complément de ressources. Du reste, il cachait si peu son impatience de recueillir la succession de sa vieille mère, qu’il dit devant moi cette odieuse parole, dont il riait comme d’un bon mot : — « J’avais bien entendu parler du Père Éternel ; mais, de la mère éternelle, jamais ! »

Délivré de ce personnage encombrant, je fis venir, de la campagne du Bouscat, notre ancien mobilier de Nérac, qui s’y trouvait emmagasiné, pour l’installer dans l’hôtel de la Sous-Préfecture de Blaye, maison d’assez bonne apparence, sise dans une rue paisible aboutissant à la campagne, où sa façade principale prenait jour, au nord, tandis que l’autre avait vue, au midi, sur un vaste jardin, en contre-bas de tout un étage.

De cc côté, le sous-sol devenait rez-de-chaussée, et le rez-de-chaussée vrai se transformait en premier étage.

Afin d’expliquer cette disposition, très commode pour l’éclairage et l’aération de la cuisine, de ses dépendances, de la salle de bain, et pour tout le service du sous-sol, il faut dire qu’un ravin profond, creusé par une petite rivière, descendant de l’est à l’ouest, jusqu’à l’extrémité supérieure du port, qui s y prolon-