Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/293

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Cet empressement de la majorité de l’Assemblée à mettre le Pays en demeure de se donner lui-même un Chef, paraissait d’autant plus significatif, que, dans la séance du 26, répondant aux violentes accusations dirigées quelques jours auparavant contre lui, par le général Clément Thomas, qui finit, cette fois-là, de se couler dans l’opinion de ses électeurs, le Prince Louis-Napoléon avait très hautement proclamé son acceptation de la candidature à la Présidence, qu’on lui décernait d’avance avec enthousiasme, de toutes parts.

Le 19 novembre, la nouvelle Constitution était lue en grande pompe, à Bordeaux, sur la place des Quinconces, par le Maire, M. Curé, du haut d’une estrade où siégeaient le Préfet et toutes les autorités. Le Te Deum fut chanté par l’Archevêque et son clergé ; une salve de 101 coups de canon, tirée ; puis, on passa la revue de la Garde Nationale et de la garnison.

Pour me dispenser de figurer sur l’estrade officielle, en cette circonstance, je commandais ma compagnie. On eût dit que je prévoyais devoir, moins de cinq ans après, sur la même place et du même point, avec une pompe encore plus grande et aux cris enthousiastes de la population, qui manquaient alors, proclamer une Constitution tout autre et le rétablissement de l’Empire !

Cependant, le Comité de la Société du Libre-Échange ne perdait pas son temps. Comprenant l’impossibilité de diriger sur une autre candidature réactionnaire le courant de l’opinion, ce Comité, composé de royalistes bien plus que d’impérialistes, très rares encore dans les classes élevées, soutenait résolument celle du Prince.

Sur sa demande, j’allai faire une tournée d’exploration dans l’arrondissement de Blaye, d’où je rap-