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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/101

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mémoires du maréchal joffre

unités. Mais la loi nouvelle s'était proposé de rendre ces 25 corps d'armée actifs immédiatement utilisables, estimant que la formation de grandes unités, à la mobilisation, est incompatible avec la rapidité que l'état-major allemand se proposait de donner, dès le début, aux opérations.

La nouvelle loi en projet au début de 1913 avait, d'après les renseignements que nous avions alors, un tout autre caractère. Elle devait augmenter l'effectif budgétaire de 4 000 officiers, 15 000 sous-officiers, 117 000 hommes et 27 000 chevaux. Les créations ou augmentations envisagées se rapportaient exclusivement à l'augmentation des noyaux actifs, au renforcement de l'encadrement et au développement de l'organisation matérielle dans les grandes unités déjà existantes. La qualité de chacune des unités de l'armée se trouvait considérablement accrue ; l'encadrement, en particulier, ne serait plus assuré que par des gradés de carrière ayant tous plus de deux ans de service dans les armes à pied et trois ans dans les troupes à cheval. Aucune unité de combat ne comprendrait plus d'un tiers de réservistes appartenant presque tous à la dernière classe libérée. En outre, et surtout, dans les corps de couverture, les effectifs de paix allaient se trouver portés à des chiffres très voisins des effectifs de guerre. Le commandement allemand avait maintenant en mains une armée très puissante, dont la mobilisation était améliorée et accélérée, ce qui lui donnait le moyen, si l'envie lui en prenait de commencer la guerre contre nous par une attaque brusquée.

Telle nous apparaissait la situation militaire de nos voisins au début de 1913. Il semblait que le maintien de l'équilibre des forces françaises et allemandes était pour nous le seul garant de la paix dans la liberté et la dignité.

Dès que l'effort nouveau décidé par l'Allemagne commença d'être connu en France, on comprit la soudaineté brutale qu'elle s'efforçait de donner à sa mobilisation constituait une menace pour nos frontières faiblement défendues par une couverture insuffisante. De toute nécessité,