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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/102

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la loi de trois ans

il fallait accroître nos effectifs, et mieux utiliser ceux dont nous disposions. A cet effet, toute une série de projets furent mis en chantier, en même temps que se poursuivaient les études de la loi de trois ans prescrites par M. Millerand. Tous ces projets visaient à améliorer notre état militaire sans toucher à la loi de 1905. Les uns demandaient un appoint de forces à nos indigènes de l'Afrique du Nord ainsi qu'à nos contingents des colonies : cela était certainement réalisable, mais progressivement, sous peine de soulever de grosses difficultés. D'autres cherchaient le salut dans un système d'engagements et de rengagements à long terme amélioré par l'octroi d'avantages moraux et matériels très sérieux : cette solution présentait trop d'aléas pour qu'il fût possible d'en faire la base de notre organisation.

Ces différents systèmes n'étaient, en somme, que des palliatifs qui ne pouvaient remédier à la situation. On se rendit vite compte qu'il n'était pas posbble d'aboutir à quelque chose de sérieux, sans toucher à la loi de 1905. On chercha alors dans ce sens des solutions dont certaines étaient ingénieuses.

Tout d'abord, on étudia un projet dans lequel la durée du service militaire variant suivant les différentes armes. Le temps de service aurait été prolongé de six semaines dans l'infanterie, de dix semaines dans l'artillerie, de vingt semaines dans la cavalerie. Par compensantion, des permissions de longue durée seraient accordées aux militaires des armes montées pendant leur service actif. Le seul avantage de ce projet eût été de conserver deux classes mobilisables sous les drapeaux pendant les premières semaines de la période d'hiver ; par contre, il portait atteinte au principe de l'égalité des charges militaires pour tous les citoyens, et il nuisait à la bonne marche de l'instruction par la fréquence et la durée des permissions.

On envisagea également le système de l'échelonnement des appels de réservistes. Ce procédé aurait permis par la convocation annuelle, pendant un mois, de chacune des deux classes de complément, de maintenir nos effectifs à