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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/104

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la loi de trois ans

donnait à nos adversaires la possibilité de bousculer sans peine notre couverture.

Il semblait donc nécessaire que nos unités de couverture fussent portées à un effectif assez voisin du pied de guerre, pour que, dès le premier soir de la mobilisation, par simple rappel des réservistes domiciliés sur place, elles fussent en état de tenir campagne avec des effectifs de guerre.

De plus, le nombre des grandes unités de couverture était à augmenter par la participation à ce rôle du 2e corps et d’une division du 8e. Nous arriverions ainsi à onze divisions en couverture, avec lesquelles nous pouvions espérer tenir tête à une attaque brusquée. Appuyées aux places fortes, ces onze divisions devaient suffire à garantir notre mobilisation et notre concentration.

Si, maintenant, on envisageait les corps d’armée de l’intérieur, on y trouvait par suite des prélèvements faits sur l’infanterie pour les nouvelles créations (aéronautique, artillerie, troupes techniques) des effectifs si faibles que l’instruction qu’on y donnait était sans fruit : il fallait 150 hommes par compagnie pour former un noayu solide autour duquel les réservistes viendrait s’agglomérer dans la proportion de 2 pour 3 ; il fallait également 150 hommes par compagnie pour permettre l’instruction.

Ainsi donc le service de trois ans proposé n'augmenterait pas le nombre d'unités mobilisées, mais permettrait tout d'abord de renforcer la couverture, ensuite de faciliter la mobilisation, enfin d'améliorer considérablement la qualité des troupes.

Après cet exposé, M. Briand affirma que le gouvernement était décidé à tout faire pour mettre l'armée en mesure de faire face à son rôle. Il demanda qu'en raison des difficultés qu'il prévoyait pour faire accepter aux Chambres le retour de la loi de trois ans, les arguments les plus frappants lui fussent fournis.

La question suivante fut alors posée au Conseil : "En présence de l'effort allemand, devons-nous renforcer nos forces militaires, et en particulier notre couverture ?"

A l'unanimité, le Conseil répondit oui à cette question.