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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/12

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au conseil supérieur de la guerre

et ajouta qu'on ne pouvait entretenir, faute de crédits, ces deux matériels sur le même pied. C'était là une réponse dilatoire qui reflétait la mentalité du général Brun ; elle ne satisfit pas M. Fallières qui demanda qu'on se préoccupât de cette infériorité pour y remédier. "Il faut, ajouta-t-il, une conclusion pratique à cette discussion ; des études doivent être entreprises sans retard et poussées activement en vue de la constitution d'un matériel de place facilement transportable."

Le ministère me chargea donc d'une étude de base destinée à déterminer nos besoins en artillerie lourde dans la guerre de forteresse.

Il me parut nécessaire pour faire oeuvre utile de placer cette étude dans le cadre de l'hypothèse général de guerre contre l'Allemagne, telle qu'on pouvait alors l'envisager ; il fallait, en particulier, tenir compte de l'avance que les Allemands avaient alors sur nous dans la concentration.

Je baisai l'idée générale de ma manœuvre sur une combinaison d'offensive et de défensive. Une zone défensive englobait une tête pont créée à Nancy, Toul, les Hauts-de-Meuse jusqu'en amont de Verdun, et prolongée par la fortification passagère jusque vers Buzancy et Rethel. A droite de cette position économiquement tenue, une première masse contre-attaquait en direction de Sarrebourg-Sarreguemines, couverte face à Strasbourg par une attaque secondaire. A gauche du front défensif, une deuxième masse était tenue en réserve ; devant l'échec partiel de la contre-offensive de droite, elle était grossie par des corps prélevés sur la droite et transportés en chemin de fer. Ainsi renforcée, elle prenait à son tour l'offensive par l'Ardenne belge.

Les généraux Pau et Léon Durand voulurent bien se joindre à moi pour ces études, et, avec eux, un certain nombre de jeunes officiers parmi lesquels les commandants Payot, de la Boisse, Pouydraguin et Carence; Il en résultat deux études : l'une, poursuivie par mon cabinet, visait les conditions stratégiques de la manœuvre et son exécution tactique ; l'autre, avec l'aide de quelques officiers