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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/160

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la genèse du plan xvii

également d'agir face au nord dans le flanc gauche de l'ennemi, s'il marchait sur Paris en traverant la Belgique, et face au sud, dans son flanc droit, s'il passait par la Suisse. Ces positions de flanc qui empêchent l'ennemi de poursuivre droit devant lui sur un objectif géographique ou politique, l'obligent toujours à un changement de front difficile.

Un échelonnement de deux étapes environ appliqué aux éléments combattants des corps actifs devait permettre de satisfaire à la condition de réunion des forces, tout en assurant aux armées le jeu nécessaire à leur manœuvre. Le nombre de quais et des chantiers de débarquements était assez élevé sur nos lignes de transports pour permettre cet échelonnement. On en arrivait donc à admettre que, dans la partie centrale de la zone de concentration, les éléments combattants des corps devaient être maintenus en avant de la ligne générale marquée par Luxeuil, Neufchâteau, Saint-Dizier et le cours de l'Aisne jusqu'à Attigny.

Sur les flancs de la zone de concentration, la profondeur devait être plus considérable, pour nous permettre de faire face à la violation des territoires neutres, suisse ou belge. Si une diversion allemande devait se produire par la plaine suisse en vue de tourner Belfort, cette diversion serait forcément tardive ; nous pouvions donc nous contenter de réunir sur le flanc droit de la zone de concentration, entre la Saône et le Doubs, une armée composée de divisions de réserve susceptible de contenir l'ennemi en utilisant les escarpements du Jura, en défendant au besoin le cours moyen du Doubs et en s'appuyant aux places de Belfort et de Besançon. La région de Vesoul paraissait convenir pour la concentration de cette armée, parce que, placée à égale distance d'Épinal, de Belfort, et de Morteau, elle permettait à cette armée de suivre nos forces actives soit en Lorraine, soit en Alsace, dans le cas où les Allemands respecteraient la neutralité suisse.

Sur le flanc gauche de la zone de concentration, il paraissait qu'un échelonnement initial s'étendant jusqu'à la