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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/178

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la mise sur pied du plan xvii

concentration, me permettait d'exécuter, le moment venu, la manœuvre que j'aurais décidée. De toute évidence la variante n°1 que j'avais approuvée en septembre 1911 se révélait insuffisante pour cet objet. Je rappelle que, devant l'éventualité de la violation de la Belgique par les Allemands, profitant de la souplesse de nos transports pour renforcer le théâtre du Nord-Est par prélèvements sur celui du Sud-Est, j'avais, à cette époque, décidé de porter vers le Nord la gauche du dispositif de première ligne, de pousser également dans la même direction "l'armée de manœuvre", et de faire serrer sur les armées de première ligne les réserves constituées par les groupes des divisions de réserve. Cette solution laissait encore la 6e armée (armée de manœuvre) échelonnée entre Châlons-sur-Marne, Reims et Sainte-Menehould, la tête à l'Argonne. Or, j'ai fait ressortir dans les chapitres précédents que la conduite stratégique d'une manœuvre à travers la Belgique n'était réalisable qu'à la condition de ne point perdre de temps. L'éloignement de la 6e armée, dans cette hypothèse, était incompatible avec ces nécessités. Aussi, donnai-je l'ordre de préparer une variante qui tiendrait compte des modifications organiques projetées, tout en restant basée sur le service de deux ans. Cette variante devait avoir pour objet de reporter vers l'est la tete des cantonnements des corps d'armée les plus avancés de la 6e armée, en vue de hâter et de faciliter les mouvements de cette armée au delà de la Meuse, au nord de Verdun. Les conditions que j'imposais étaient de permettre à cette armée de déboucher soit dans la direction de l'Est en franchissant la Meuse entre Verdun et Stenay, ce qui correspondait à l'hypothèse de la non-violation de la Belgique, soit dans la direction du Nord-Est, en abordant la Meuse entre Dun et Sedan, dans le cas où la Belgique, pour une raison ou pour une autre, nous serait ouverte.

Ces études aboutirent à porter le concentration de la 6e armée jusque sur le front Grand-Pré, Varennes, Clermont-en-Argonne, les 3e et 4e corps d'armée ayant déjà de nombreux éléments au delà de la forêt de l'Argonne,