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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/18

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m. messimy au ministère de la guerre

ces deux extrêmes. Mais il n'était pas besoin de la grande épreuve que nous venons de subir pour se rendre compte que les formations de réserve pêchaient surtout par leur encadrement, et qu'après une période de reprise en main elle seraient susceptibles de combattre à côté des unités de première ligne. Si cependant l'opinion était encline à juger cette question avec passion, il est juste de dire que le Conseil supérieur de la guerre sut s'affranchir de ces contingences, et la juger impartialement. J'estime que la même proposition soumise aujourd'hui au Conseil supérieur de la guerre serait jugée comme elle le fut à ce moment.

Dans les entretiens que général Michel eut avec le ministre pendant la première quinzaine de juillet, il insista pour que l'organisation qu'il proposait fût soumise aux délibérations du Conseil. M. Messimy accepta sans enthousiasme d'inscrire la question à l'ordre du jour de la prochaine séance du Conseil. Je dis sans enthousiasme car, quelques mois auparavant, à l'occaion de deux conférences faites au Centre des Hautes Etudes par le chef du 3e Bureau de l'état-major de l'armée, le lieutenant-colonel de Grandmaison, le général Michel avait assez maladroitement essayé de justifier ses idées stratégiques et son autorité en était sortie fort discutée.

Le Conseil supérieur se réunit le 19 juillet, sous la présidence de M. Messimy. A l'ordre du jour, trois questions étaient inscrites : le déclassement de la citadelle et du corps de place de Laon et de la Fère. — La création d'un obusier de campagne et d'une artillerie lourde mobile. — Et enfin les propositions du général Michel sur la constitution des unités mobilisées et l'emploi des troupes de réserve.

Le ministère ouvrit la séance en exprimant le désir qu'étant donné la gravité de l'heure, les discussions ne fussent inspirées que par le désir d'augmenter le rendement de tous les organes de la Défense nationale.

Sur la première question le Conseil émit l'avis qu'il y avait lieu de présenter un projet tendant au déclassement des places de Laon et de La Fère.