Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
12
mémoires du maréchal joffre

A la suite d'un nouvel entretien qu'il eut avec Pau, le ministre me fit connaître que le gouvernement était décidé à me confier le commandement des armées en cas de mobilisation. En même temps il m'avisa de la réorganisation du haut commandement qu'il projetait : le titre de vice-président du Conseil supérieur de la guerre était supprimé et remplacé par celui de chef d'état-major général, qui me serait donné pour mieux marquer mon autorité vis-à-vis de l'état-major de l'armée. D'ailleurs si le titre de vice-président du Conseil était supprimé, les fonctions vis-à-vis de ce Conseil resteraient les mêmes : en l'absence du ministre, il se réunirait sous ma présidence. A la tête de l'état-major de l'armée, le général Dubail demeurait en prenant le titre de chef d'état-major de l'armée. Il continuerait d'aller chaque jour à la signature du ministre ; mais pour toutes les questions, il relèverait de moi et ne conserverait d'autonomie qu'en ce qui concernait les nominations de personnel. Le chef d'état-major de l'armée serait assisté de sous-chefs. En cas de mobilisation, le chef d'état-major de l'armée demeurerait auprès du ministre avec toutes les attributions que celui-ci croirait alors devoir lui déléguer.

Quant au chef d'état-major général, il recevrait le commandement du principal groupe d'armées, ayant auprès de lui comme major général le premier sous-chef d'état-major ; en raison des fonctions éventuelles que ce dernier aurait à remplir auprès de moi, j'étais invité à le choisir.

Cette solution me paraissait de nature à supprimer la dualité fréquente de pensée qui avait si longtemps existé entre le vice-président du Conseil supérieur de la guerre généralissime désigné et l'état-major de l'armée chargé de la préparation de la mobilisation, de la concentration et du plan d'opérations.

J'acquiesçai donc, et je songeai aussitôt à fixer mon choix en ce qui concernait le premier sous-chef d'état-major, qui serait mon major général du temps de guerre.

A la réflexion, trois noms retinrent mon attention : Foch, Lanrezac et Castelnau. Tous trois me paraissaient très aptes à ces délicates fonctions en raison de leur haute