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nommé chef d'état-major général

valeur intellectuelle et des preuves de savoir militaire qu'ils avaient données.

Toutes mes préférences étaient nettement pour Foch, qui m'apparaissait comme le cerveau le meilleur et le mieux préparé aux études de tactique et de stratégie. Mais, je lui reconnaissais ces éminentes qualités, une considération particulière m'interdisait de fixer mon choix sur lui : M. Messimy avait des préventions contre lui, dont j'ignore l'origine. J'en eus la preuve peu de temps après : ayant appris que le ministre hésitait à lui donner sa troisième étoile, je dus faire une démarche pressante pour que Foch fût nommé général de division.

Restaient donc Lanrezac et Castelnau. Après de longues hésitations, je fixai mon choix sur ce dernier, pour la raison qu'ayant été major général du général Trémeau, il avait déjà travaillé au plan XVI et connaissait déjà admirablement les divers rouages de l'état-major.

Je le demandai donc au ministre. Sa nomination parut en même temps que la mienne à l'Officiel du 28 juillet 1911. J'ai toujours pensé que le gouvernement avait été assez satisfait de cette coïncidence qui permettait de démentir les bruits qui donnaient une couleur politique au choix dont je venait d'être l'objet.

En même temps paraissaient deux décrets, l'un portant réorganisation du Conseil de défense nationale, l'autre précisant mes attributions comme chef d'état-major général, celles du chef d'état-major de l'armée et celles du premier sous-chef. En ce qui concerne le Conseil supérieur de la guerre, il était précisé que les lettres de commandement d'armées ne seraient plus valables que pour un an. En outre (et ceci était une innovation des plus heureuses, qui ne tarda pas à porter tous ses fruits), chaque commandant d'armée désigné aurait, dès le temps de paix, un cabinet comprenant le chef d'état-major et le chef de bureau des opérations qui seraient affectés à son état-major du temps de guerre.

L'état de l'armée était réparti en trois groupes : le premier placé sous l'autorité du général de Castelnau comprendrait