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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/216

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mémoires du maréchal joffre

politique. Je donnai l'ordre de reprendre ce document et de le mettre à jour. Cette révision donna naissance à deux mémentos très détaillés, en date du 4 avril 1914, 1visant d'une part les mesures à ordonner aux commandants de corps d'armeé, d'autre part celles à prendre directement par le ministre. On verra dans la suite de cet ouvrage que, pendant la période de tension politique de la fin de juillet, on fit jouer toute une série de ces mesures ; les autres parurent de nature à donner des arguements à nos adversaires ; elles ne furent pas appliquées. Je me contente de noter ici que l'Allemagne ne témoigna pas des mêmes scrupules.


J'ai indiqué déjà que notre système fortifié, malgré plusieurs lacunes, était en état de concourir efficacement à la couverture de la concentration et du déploiement des armées de campagne ; mais j'ai dit aussi que notre système fortifié était insuffisant pour assurer le débouché de nos armées. J'ai été amené à indiquer de quelle manière j'avais réglé cette question en faisant appel aux ressources de la fortification du moment. Un inventaire raisonné des éléments de notre système fortifié m'apparut indispensable ; d'ailleurs, l'attention du public se portait à ce moment sur tout ce qui intéressait notre organisation militaire, et des polémiques s'étaient engagées à ce sujet au Parlement et dans la presse. Je résolus donc de revoir en détail chaque de nos diverses places, et de fixer celles d'entre elles sur lesquelles il conviendrait de concentrer nos efforts et les crédits qui nous seraient accordés. Je fis faire, en conséquence, une étude approfondie de la question, le but à poursuivre étant d'établir l'assiette générale des organisations fortifiées dans des conditions favorables pour les opérations. Cette étude portait non seulement sur nos frontières du Nord-Est et du Nord, mais encore sur les frontières secondaires des Alpes, des Pyrénées et des côtes.

Le 21 février 1914, le résultat de cette étude me fut soumis en ce qui concernait la frontière du Nord-Est ; elle concluait qu'il y aurait avantage au point de vue des opérations :