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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/218

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mémoires du maréchal joffre

uvre Le Conseil supérieur de la Guerre comprenait, au début de 1914, les généraux Gallieni, Archinard, Michel, gouverneur de Paris, Chomer, Laffont de Ladébat, de Langle de Cary, Dubail, Sordet, Ruffey, de Currières de Castelnau ; les généraux Belin et Legrand, tous deux sous-chefs d'état-major, étaient les rapports du Conseil.

Je connaissais de longue date le général Gallieni sous les ordres duquel j'avais servi à Madagascar. Pendant les manœuvres, au cours des exercies de cadres ou sur la carte, l'opinion très favorable que j'avais de ses talents militaires s'était confirmée. De la méthode, beaucoup de calme, une grande prudence, une lumineuse intelligence, une conception très nette des tâches qui lui étaient confiées, un souci poussé jusqu'à l'extrême de ne pas intervenir dans le commandement des subordonnés, telles étaient les caractéristiques essentielles du général Gallieni. En toute circonstance, il avait donné la preuve qu'on pouvait lui confier en toute sécurité les commandements les plus importants. La confiance qu'il m'inspirait, comme celle que ses subordonnés lui témoignaient étaient à mes yeux de sûrs garants qu'il se montrerait en toutes circonstances à la hauteur de son passé glorieux. Nul ne me paraissait plus capable de prendre, le cas échéant, la direction suprême des opérations. Sur ma proposition, il reçut une lettre de service le désignant comme mon remplaçant éventuel au commandement en chef du groupe des armées du Nord-Est.

Le général Galliéni exerçait depuis trois ans le commandement des troupes qui, en temps de guerre, devaient devenir la 5e armée, lorsqu'il fut atteint, le 24 avril 1914, par la limite d'âge.

Sur ma proposition, il fut remplacé au Conseil supérieur de la Guerre et au commandement éventuel de la 5e armée par le général Lanrezac, dont j'aurai à parler dans la récit que je ferai des premières semaines de la guerre.

Qu'il me suffise pour l'instant de dire que mon attention avait depuis longtemps été attirée sur le général Lanrezac, par les hautes qualités d'intelligence, d'activité, d'initiative,