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aucune disposition particulière ; par contre, les troupes absentes de leurs garnisons avaient reçu l'ordre d'y rentrer ; en outre, le bruit commençait à courir du rappel des deux dernières classes.

Cependant, la perspective de la guerre, malgré les précautions prises pour ne pas alarmer l'opinion, commençait à se faire sentir dans le pays. Je n'en veux pour preuve que la démarche accomplie au ministère de la Guerre, dans cette journée du 29, par M. Deviès, chef de service au Creusot. Il vint, au nom de M. Schneider, faire la communication suivante : "Le Creusot a du matériel d'artillerie prêt à être immédiatement expédié pour diverses puissances (Serbie, Italie, Roumanie, Grèce, Pérou) ; nous désirons savoir si nous devons retarder la livraison de ces matériels ou l'accélérer, ou même si le gouvernement français n'aurait pas le désir de réquisitionner tout ou partie de ce matériel. Il désire également donner des indications sur tous les établissements qu'il peut mettre à la disposition de la guerre. M. Schneider, rentrant à Paris le soir même, se mettra dès demain à la disposition du général Joffre."

Jeudi 30 juillet. — Le 30 juillet au matin, M. Schneider se présenta en effet dans le cabinet du ministre, où je me trouvais. Je me souviens que dans le courant de la conversation, je dis au directeur du Creusot : "Des canons nous seront, en effet, très utiles ; mais, avant tout, nous avons besoin de munitions. Il faut que les usines métallurgiques se mettent à l'oeuvre immédiatement." J'eus, d'ailleurs, l'impression que mon appel ne produisit pas d'effets immédiats. J'aurai l'occasion de revenir sur cette question importante dans un chapitre ultérieur de ces souvenirs.

La nuit du 29 au 30 juillet nous apporta des renseignements confirmant nettement nos prévisions en ce qui concernait nettement nos prévisions en ce qui concernait la préparation des Allemands à la guerre. D'une part, le renforcement de la couverture était certain : à Fontoy, à Moyeuvre, à Saint-Privat, à Verneville et Gorze,