Aller au contenu

Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
222
mémoires du maréchal joffre

à l'application de nouvelles mesures de détail autres que celles déjà ordonnées, sans apporter un trouble profond das les dispositions prévues pour les troupes de couverture et la mobilisation, notamment en ce qui concerne le service des chemins de fer. Si l'état de tension continue, et si les Allemands, sous le couvert de conversations diplomatiques, continuent l'application de leur plan de mobilisation dont ils poursuivent l'exécution en évitant d'en prononcer le nom, il est absolument nécessaire que le gouvernement sache qu'à partir de ce soir, tout retard de vingt-quatre heures, apporté à la convocation des réservistes et à l'envoi du télégramme de couverture, se traduira par un recul de notre dispositif de concentration, c'est-à-dire par l'abandon initial d'une partie de notre territoire, soit de 15 à 20 kilomètres par jour de retard.

"Le commandant en chef ne saurait accepter cette responsabilité."

En même temps que je remettais cette note, j'insistai vivement auprès du ministre : je lui démontrai la répercussion que tout retard dans les premiers transports de couverture devait fatalement amener dans les transports de concentration ; je lui rappelai que tous nos renseignements concordaient pour montrer que les troupes allemandes de l'intérieur affluaient sans arrêt vers la frontière, que les employés allemands des gares de la frontière française étaient rappelés, que les automobiles passant de France en Allemagne étaient arrêtées et saisies, que les communications téléphoniques à travers la frontière étaient supprimées, que les voies ferrées étaient occupées à Pagny, Avricourt et Montreux-Vieux et les locomotives françaises saisies. Le ministre reconnut que l'ordre de mise en route de la couverture ne pouvait plus que se rendre à l'évidence. Je réunis aussitôt les chefs des bureaux intéressés par cette mesure, et je leur donnai mes instructions. En particulier, tous les services des chemins de fer devaient être avertis immédiatement d'avoir à procéder à la formation des