Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/240

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
225
note au ministre de la guerre

à une mobilisation discrète du personnel et du matériel de complément, par convocation de réservistes et par achat ou réquisition de chevaux, de manière à pouvoir commencer les transports de guerre des corps d'armée de l'intérieur dès réception de l'ordre de mobilisation ; que la préparation discrète de la mobilisation, les dispositions prises pour la convocation, les transports, les mesures de sécurité (publication de la loi sur les réquisitions avant le commencement de la mobilisation) et l'exécution rapide des transports stratégiques, nous assurent des avantages qu'il sera difficile aux armées des autres nations de réaliser dans la même mesure ; que le but vers lequel il faut tendre est de prendre l'offensive avec une grande supériorité dès les premiers jours ; les dispositions arrêtées dans ce sens permettent d'espérer que l'offensive peut être prise aussitôt la concentration complète de l'armée du Bas-Rhin. Un ultimatum à brève échéance, que doit suivre immédiatement l'invasion, justifiera suffisamment notre action au point de vue du droit des gens... etc.

"Tout cela se préciser d'après les renseignements reçus :

"Cinq classes de réservistes sont convoquées pour le 2 août au plus tard ; les réquisitions et achats de chevaux ont commencé dès le 30 juillet, peut-être avant.

"On peut donc dire que le 4 août, même sans ordre de mobilisation, l'armée allemande sera entièrement mobilisée, réalisant déjà sur la nôtre une avance de quarante-huit heures et peut-être de trois jours."

En remettant cette note au ministre, je lui montrai un fois de plus l'impérieuse nécessité de décréter la mobilisation. Chez nous, en effet, la mobilisation ne peut se faire petit à petit, sournoisement pour ainsi dire, comme chez les Allemands : elle se faisait tout d'un bloc. En quittant le ministre, je lui rappelai le dernier délai pour donner l'ordre de mobilisation générale expirerait à 4 heures du soir. En me donnant l'assurance qu'il serait mon interprète ardent auprès du gouvernement, M. Messimy partit pour se rendre au Conseil des ministres.

Cette réunion dura jusqu'à midi. Pendant qu'elle se