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respect de la neutralité de la belgique

République[1], la même recommandation fut faite à nouveau sous la forme la plus impérative ; il y avait spécifié que quiconque franchirait cette ligne serait passible du Conseil de guerre. Il s'agissait, en effet, de ne donner aux Anglais aucun prétexte pour nous dérober leur collaboration.

Dans ce Conseil tenu dans la matinée du 1er août, une question de la plus haute importance avait été soulevée. Il s'agissait de l'attitude que nous aurions à tenir vis-à-vis de la Belgique, dans l'hypothèse de la guerre. L'assurance que nous respecterions la neutralité belge avait été donnée le 31 juillet dans l'après-midi par notre ministre à Bruxelles à M. Davignon, ministre des Affaires étrangères belge. Avisé de cette déclaration par M. Messimy, je fis remarquer à ce dernier que celle-ci était trop absolue et qu'il y aurait lieu de réserver le cas où cette neutralité ne serait pas respectée par l'Allemagne. Le Conseil reconnut le bien-fondé de cette observation et donna l'ordre, le 1er août, au ministre de France, M. Klobukowski, de déclarer au gouvernement belge que si le gouvernement français entendant respecter la neutralité belge, la France, pour assurer sa propre défense, pourrait être amenée à modifier son attitude, dans le cas où la neutralité belge ne serait pas respectée par une autre puissance.

D'autre part, la question du respect de la neutralité luxembourgeoise venait aussi se poser dans cette même journée du 1er août. En effet, M. Eyschen, ministre d'État à Luxembourg, demandait au gouvernement français une assurance de neutralité semblable à celle qui avait été donnée à la Belgique. Le gouvernement français répondit sur-le-champ qu'il entendait respecter la neutralité du Grand-Duché. Cependant, la violation de cette neutralité par l'Allemagne était de nature à obliger la France à s'inspirer désormais du seul souci de sa défense et de ses intérêts.

  1. Il était, en effet, revenu aux oreilles du président qu'un escadron de uhlans et un escadron de chasseurs à cheval s'étaient trouvés nez à nez dans le secteur du 20e corps.