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opération en haute-alsace

que les Allemands avaient violé la frontière, avait commencé de courir dès le 3 au soir dans les milieux officiels de Bruxelles. Mais certains avis donnaient à entendre que le fait matériel était encore discuté, que les partisans d'une entente avec les Allemands étaient fort nombreux et puissants en Belgique, et, d'ailleurs, on pouvait redouter que, par de fausses nouvelles, l'Allemagne ne cherchât à nous faire violer les premiers la neutralité belge. La plus grande circonspection était donc encore nécessaire. Le bruit courut d'ailleurs dans la journée avec persistance que les Belges se montreraient tout aussi hostiles à notre entrée sur leur territoire qu'à celle des Allemands.

Si la situation n'était pas encore complètement éclaircie à notre gauche, il n'en allait pas de même à notre droite. On sait que la directive pour la concentration avait prévu qu'une fraction de la 1re armée pénétrerait en Haute-Alsace en direction générale de Colmar, et que l'ordre d'exécution pourrait être donné dès le quatrième jour de la mobilisation. Notre manœuvre encore indéterminée dans sa forme, mais déjà préparée vers le nord, devait être aidée par cette opération en Haute-Alsace qui devait avoir pour but, si elle réussissait, d'appuyer au Rhin le dispositif général et par conséquent, de permettre des économies de forces à notre extrême droite dès qu'elle serait couverte par le fleuve. C'était le 5 au soir, c'est-à-dire précisément le quatrième jour de la mobilisation que le général Dubail commandant de la 1re armée devait s'installer à son quartier général, à Épinal. Je signai donc dans la soirée du 4, pour qu'il le reçoive dès sa prise de commandement, l'ordre lui enjoignant de préparer l'action en Haute-Alsace, qui devait être exécutée par le 7e corps et la 8e division de cavalerie ; l'opération devait être limitée tout d'abord au front Thann-Mulhouse.


Mercredi 5 août. — Le 5 août était le jour fixé pour l'ouverture du grand quartier général et des quartiers généraux d'armées ; c'était celui où je devais prendre effectivement le commandement du groupe d'armées du Nord-Est.