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mémoires du maréchal joffre

A mon arrivée au ministère de la Guerre, je pris connaissance des renseignements parvenus dans la nuit. Il paraissait certain maintenant que la frontière belge avait été violée le 4, et que les Allemands avaient atteint Verviers. Aucune violation de frontière n'était signalée du côté d'Arlon, tandis que le Luxembourg semblait occupé en totalité par l'ennemi. D'autre part, la mobilisation des forces métropolitaines belges avait été ordonnée la veille au soir, l'armée entrant en campagne sous le commandement du roi ; en outre, une série de mesures avaient déjà été prises en Belgique pour y ralentir la marche des Allemands.

Ainsi renseigné, j'allai prendre congé du ministre à son cabinet ; j'appris de lui que les avions et les dirigeables français étaient autorisés à survoler le territoire belge ; le ministère des Affaires étrangères venait de lui faire connaître que nos reconnaissances de cavalerie, à condition de ne pas être appuyées par des détachements trop importants, pourraient également pénétrer en Belgique. Je profitai ausitôt de ces autorisations pour ordonner au corps de cavalerie et au 2e corps d'armée de recouper au plus près de la frontière luxembourgeoise les routes partant du front Virton-Stavelot et se dirigeant vers l'ouest. En raison de la proximité des troupes allemandes dans cette région, il était en effet urgent de se renseigner sur leurs mouvements.

M. Messimy tint à m'accompagner jusqu'à Lagny. Près de cette ville, il descendit d'auto, serra la main des officiers qui m'accompagnaient, se déclara optimiste et me souhaita bonne chance, sans chercher à dissimuler son émotion. Je le quitta en lui disant : "Ayez confiance", et je remontai en auto avec le général Berthelot. A 11 heures, nous étions à Vitry-le-François, siège du Grand Quartier Général. J'y retrouvai les officiers de mon état-major qui m'avaient précédé la veille par le train.

Il me semble utile, étant donné les légendes qui se sont créées autour du Grand Quartier Général, d'en dire quelques mots ici.