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le g. q. g.

Le Grand Quartier Général comptait alors une cinquante d'officiers, en y comprenant tous ceux des services (chemin de fer, intendance, santé, section du chiffre, section du courrier, automobiles, commandement du quartier général). Les bureaux étaient installés dans le collège, sur la place Royer-Collard, en face de l'église Notre-Dame ; j'avais mon bureau dans une salle d'études du premier étage ; j'étais logé avec mes officiers d'ordonnance près de là, chez un ancien officier du génie, M. Capron, qui mit à ma disposition son salon dans lequel fut installé un lit de camp derrière un paravent. Je prenais mes repas chez M. Capron avec les généraux Belin et Berthelot, le commandement Gamelin détaché du 3e bureau auprès de moi, et mes deux officiers d'ordonnance, les capitaines de Galbert et Muller.

Dès le début, le Grand Quartier fonctionna de la même manière que pendant toute la guerre. Il y avait deux rapports par jour : le premier, appelé Grand Rapport se tenait dans mon bureau le matin vers 7 heures ; le deuxième, le soir vers 20 heures. Au Grand Rapport assistaient normalement à mes côtés le Major Général, les Aides-Majors généraux, le Directeur de l'Arrière, les chefs de bureaux et les offciers de mon cabinet. Au rapport du matin comme à celui du soir, je prenais connaissance des comptes rendus envoyés par les armées et relatifs aux évenemnts qui s'étaient déroulés dans les douze heures précédentes, ainsi qu'aux renseignements recueillis dans le même espace de temps sur l'ennemi. Bien entendu, si des rapports ou comptes rendus importants arrivaient dans le cours de la journée ou de la nuit, ils m'étaient aussitôt présentés ; mais, le principal intérêt des deux rapports de la journée était en quelque sorte de nous permettre de faire "le point". Au rapport du matin, on établissait la situation générale, et il m'arrivait alors fréquemment d'inviter les officiers présents à développer leurs observations personnelles, après quoi je fixais ma décision.

Dans ces discussions, la personnalité du général Berthelot ne cessa de s'accentuer. Esprit puissant, intelligence