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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/258

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mémoires du maréchal joffre

les troupes allemandes qui avaient tenté la veille un coup de main sur Liége semblaient avoir été repoussées avec de fortes pertes, et s'être repliées à dix kilomètres vers l'Est ; en outre, le VIIe corps allemand ayant été signalé à plusieurs reprises dans la région de Metz en même temps que dans celle de Liége, nous nous demandions si les éléments signalés en Belgique n'étaient pas simplement les 5es brigades de ces corps d'armée outillées en vue d'une mission spéciale ; nous y étions d'autant plus incités que des rassemblements importants signalés avec persistance et par les meilleures sources du côté de la Lorraine.

Vendredi 7 août. — Je n'allais d'ailleurs pas tarder à recevoir des renseignements assez complets sur la situation en Belgique. En effet, le lieutenant-colonel Brécard était de retour le 7 août au matin, et me mettait au courant de ce qu'il avait pu apprendre sur place. Il avait vu successivement M. Klobukowski, notre ministre à Bruxelles, le commandant Génie, notre attaché militaire, M. de Brocqueville, ministre de la Guerre, le général de Selliers, chef d'état-major général ; enfin, il avait été reçu par le roi Albert à son Q. G. de Louvain.

Il apportait des précisions sur la situation autour de Liége ; le 5 août, la place, défendue par la division Léman, avait victorieusement repoussé une attaque menée par deux éléments du VIIe corps allemand ; le 6, ceux-ci, grossis de fractios du Xe corps, avaient renouvelé leur tentative et réussi à pénétrer dans les intervalles des forts et à entrer dans la ville. Une incertitude demeurait au sujet des effectifs allemands, par suite des contradictions apportées par les sources souvent suspectes des renseignements. Le gros de l'armée belge se concentrait entre la Meuse et Bruxelles couvert par une division à Namur et à Huy et par la division Léman à Liége.

Au sujet de la situation générale et des projets militaires de nos alliés belges, le lieutenant-colonel Brécard m'apportait d'intéressants renseignements : l'armée était surprise par la guerre en pleine réorganisation ; elle manquait