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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/261

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offensive en haute-alsace

fort n'avait succombé et que la place, en excellent état de défense, promettait de tenir longtemps. Ces deux renseignements étaient d'accord pour signaler que les troupes allemandes assaillantes étaient très fatiguées, très déprimées, et que les unités belges faisaient des prisonniers par paquets de cinquante.

Tandis que mon attention était attirée vers le Nord, je reçus dans le courant de l'après-midi le premier compte rendu sur les résultats que nous venions d'obtenir en Haute Alsace : sans avoir rencontré de résistance, nos troupes n'avaient atteint à 13 h. 30 que le front Hennesdorf, Pont d'Anspach, Massevaux, c'est-à-dire qu'elles avaient avancé seulement de cinq kilomètres environ en territoire alsacien. Dans la soirée, j'appris qu'elles avaient occupé le front Saint-Amarin, Thann, Altkirch.

Samedi 8 août. — Le lendemain matin, 8 août, je reçus des renseignements complémentaires sur les opérations du 7 ; en même temps j'appris que le général Bonneau avait "autorisé le général Berge[1] à maintenir ses troupes dans les villages conquis, et à ne reporter ses gros en arrière que dans la journée."

Cette manière d'envisager la situation me parut inquiétante, et sur-le-champ j'ordonnai au 7e corps de ne reculer sous aucun prétexte, de pousser vigoureusement sur Mulhouse, et d'accomplir intégralement et rapidement la mission qui lui avait été confiée. J'insistai également auprès du général Dubail sur la vigueur et la vitesse qui devaient caractériser une opération de ce genre.

Vers midi, j'appris que le ministre de la Guerre avait reçu directement du général Bonneau un télégramme ainsi libellé : "Je rends compte que je porte aujourd'hui la couverture du 7e corps sur la ligne Cernay, Mulhouse, Altkirch." Outre que cette correspondance directe entre le ministre et le commandant du 7e corps semblait indiquer l'oubli par ce dernier des liens hiérarchiques, il devenait évident que

  1. Commandant de la 27e brigade (14e division)