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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/273

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généraux remplacés


Mardi 11 août. — Dans la nuit du 10 au 11 août, les officiers que j'avais envoyés à Belfort rentraient au grand quartier général ; ils apportaient des comptes rendus très complets : d'après ceux-ci, il était certain que la valeur des troupes ne pouvait pas être mise en cause, et il semblait bien que la perte de Mulhouse aurait pu être en grande partie évitée si la 8e division de cavalerie s'était employée d'une façon moins parcimonieuse. La faute était nette ; il s'agissait de faire au plus tôt un exemple : je résolus de remettre le général commandant la 8e division de cavalerie à la disposition du ministre et de nommer à sa place le général Mazel[1].

Pour le reste, il n'y avait qu'à attendre que le général Pau ait pris son commandement et remis les choses en ordre. Je décidai toutefois, pour calmer l'émotion que l'évacuation de Mulhouse avait provoquée dans les sphères officielles, d'envoyer au Président de la République et au ministre de la Guerre l'un des officiers qui revenait de Belfort, afin qu'il pût donner des explications circonstanciées sur tout ce qu'il avait vu[2]. Il était d'ailleurs

    avait quitté l'armée depuis six ans et le général Pau voulut bien admettre le choix que je lui proposai en plaçant auprès de lui un chef d'état-major qui avait vingt-cinq ans de moins que le général Roget.

  1. A la suite de l'incident malheureux qui se produisit au village de la Garde et qui nous coûte environ 2 000 prisonniers, et sur le compte rendu du général de Castelnau, je décidai également de remplacer le général commandant la 2e division de cavalerie par le général Varin.
  2. Cet officier, le commandant Maurin, me rapporta une copie de la lettre que le roi Albert venait d'envoyer au Président de la République :

    Louvain, le 11 août 1914.


    Cher et grand Ami,

    Je vous remercie de tout coeur de l'appréciation élogieuse de la conduite des troupes belges dont vous avez bien voulu vous faire l'interprète au nom du général Joffre dans votre lettre du 9 août. L'armée belge et moi nous en sommes fiers et nous y attachons le plus grand prix. Au sujet de la coopération de nos soldats avec leurs frères d'armes français et anglais, le général Joffre a écrit à Votre