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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/275

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appel du roi des belges


Mercredi 12 août. — Cependant, au nord de la Meuse, la cavalerie allemande avait poussé jusqu'à Diest et Tirlemont ; cette progression de l'ennemi parut émouvoir profondément le commandement belge. En effet, le 12 au matin, nous recevions un appel du roi des Belges pour que les Alliés viennent le plus rapidement possible au secours de son armée, annonçant qu'il ramènerait son armée sous Anvers, si les Allemands attaquaient en forces supérieures ; le colonel Génie, en même temps qu'il me communiquait cet appel du roi, insistait pour que le corps de cavalerie passât le plus rapidement possible au nord de la Meuse.

Les intentions du gouvernement belge ainsi manifestées n'étaient pas pour nous surprendre. Je me rendais, certes, bien compte de la nécessité d'appuyer les Belges. Mais, tout d'abord, il ne semblait pas que la cavalerie allemande signalée au nord de la Meuse fût soutenue, puisque le 12 elle essuyait à Haelen un échec important qui lui infligeait la division de cavalerie belge soutenue par une brigade d'infanterie. D'autre part, il semblait que les forces ennemies signalées au sud de la Meuse fussent plus importantes que nous ne l'avions cru jusqu'ici : deux nouveaux corps d'armée allemands venaient, en effet, d'y être identifiés. Dans ces conditions, il était difficile de relever le corps de cavalerie de la mission de couverture de la 5e armée qu'il avait reçue. La seule chose qu'il me parut possible de faire pour l'instant et qui d'ailleurs était fort nécessaire, c'était d'établir la continuité du front en liant par Namur notre armée de gauche à l'armée belge. A cet effet, j'autorisai le général Lanzerac, qui m'en avait demandé l'autorisation, à porter son corps de gauche dans la région de Dinant ; en outre, je poussai vers Philippeville les deux divisions d'Afrique qui allaient commencer leurs débarquements.

Mais, à ce moment encore, une grande incertitude planait sur la date à laquelle les Anglais pourraient entrer en action à nos côtés.

Le 9 août, le colonel Huguet, notre attaché militaire à Londres, arrivant au grand quartier général, m'avait mis