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au courant de ce qui s'était passé en Angleterre depuis la déclaration de la guerre. Il avait été, tout d'abord, décidé que la mobilisation commencerait le 5 août. Dans ces conditions, d'après nos conventions, les transports de concentration sur nos chemins de fer devaient commencer le 11 et les unités débarquées devaient être prêtes à entrer en opérations le 21. Or, au cours d'un grand Conseil de guerre tenu le mercredi 5 à Downing Street, on avait tout remis en question : date de mobilisation, composition du corps expéditionnaire, zone de concentration. Le 6 août, lord Kitchener avait été désigné comme secrétaire d'État au War Office, et le premier jour de la mobilisation avait finalement été reporté au 9. Le gouvernement britannique avait manifesté l'intention de concentrer les forces envoyées sur le continent dans une zone suffisamment en arrière du front pour leur assurer un repos préliminaire ; à cet effet, il proposait la région d'Amiens et prévoyait sur la Somme l'organisation d'une position défensive. Outre que ces propositions bouleversaient complètement le dispositif général des forces alliées au point le plus sensible de notre ligne de bataille, elles avaient encore l'inconvénient de retarder la date probable de l'entrée en action des troupes britanniques, au moment où, comme je viens de le dire, les Belges nous demandaient d'accourir à leur secours. J'ai dit plus haut quelle solution j'avais adoptée, et on a vu que j'avais demandé au Président de la République d'intervenir auprès du gouvernement anglais pour lui signaler le grave inconvénient qu'aurait un aussi long retard dans l'arrivée des troupes britanniques. Et au colonel Huguet qui retournait à Londres, j'avais prescrit d'insister auprès de l'état-major anglais pour que la zone de concentration de l'armée du maréchal French ne fût pas modifiée, sous peine de ruiner notre plan.


Jeudi 13 août. — Or le 13, j'appris avec satisfaction qu'après une discussion qui avait eu lieu la veille dans le cabinet même de lord Kitchener, le gouvernement britannique