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appel du roi des belges

avait fini par accepter nos propositions, et il avait consenti à maintenir la zone de concentration immédiatement à côté des armées françaises. C'était un point très important acquis. Mais, par contre, j'apprenais en même temps que le gouvernement, influencé par l'opinion publique anglaise qui vivait sous la crainte perpétuelle d'un débarquement en Angleterre, avait trouvé nécessaire de maintenir deux divisions d'infanterie dans la métropole. Dans ces conditions, le corps expéditionnaire britannique allait se trouver réduit à quatre divisions d'infanterie et cinq brigades de cavalerie ; les deux divisions maintenues en Angleterre suivraient, dès que les circonstances le permettraient.

Cette solution, meilleure sans doute que celle que nous avions pu craindre, risquait de mettre notre gauche dans une situation critique, et je pouvais redouter que celle-ci ne fût attaquée avant que sa concentration ne fût terminée. En effet, d'après les calculs du 2e Burreau, cette date du 13 août à laquelle nous étions parvenus était précisément celle à laquelle le déploiement stratégique allemand sur la base de départ devait se terminer, et il était vraisemblable que les Allemands ne tarderaient pas à s'ébranler ; il étiat donc possible que nous ne puissions pas chercher la bataille au delà de la Semoy et de la Chiers.

En présence de cette situation je prescrivis aux 1re et 2e armées qui étaient prêtes à l'action d'attaquer dès le lendemain 14 : Dubail sur Sarrebourg avec trois corps d'armée, flanqué à sa droite par le 14e corps, Castelnau avec ses trois corps d'armée de droite, tandis que le 9e corps et les divisions de réserve protégeraient Nancy. Quand aux armées de gauche, les 3e, 4e et 5e, je leur prescrivis simplement un certain nombre de mesures défensives.

Cependant, le matin du 13, je pris connaissance du rapport du général Pau arrivé dans la nuit : il me dépeignait nos troupes comme fort éprouvées et démoralisées. Le 7e corps et la 57e division de réserve se repliaient sous le canon de Belfort. Le général Pau attribuait une grande