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les batailles de la frontière


Cependant vers 11 h. 30, le colonel Génie téléphonait que les mouvements d'infanterie allemande se produisaient vers le nord, provoquant une grosse émotion au G. Q. G. belge.

Dans la soirée, nous apprenions du colonel Albert, détaché au G. Q. G. Belge, que des troupes du Xe corps allemand étaient passés sur la rive gauche de la Meuse par le pont de Huy, que 8 000 hommes du IXe corps à Haelen, à Tirlermont et à Bewerloo. Il nous apprenait que le G. Q. G. belge avait pris à 15 heures la résolution de replier ses avant-postes sur la Dyle et de se transporter à Malines.

Ainsi donc, il semblait qu'un certain nombre d'éléments du groupe allemand réuni au sud de la Meuse avaient déjà passé sur la rive gauche. On signalait aussi que quatre ponts avaient été établis à Huy, Ampsin, Ombret-Rosa et Seraing. Enfin, dans la région de Bastogne-Neufchâteau, il y avait des indices d'un glissement des forces dans la direction du nord-ouest.

La première des éventualités que j'avais prévues dans mes instructions du matin aux armées de gauche semblait donc devoir se réaliser. Il importait de renforcer la 5e armée, et, dans ce but, je décidai d'envoyer le 9e corps d'armée dans la région Sedan-Poix-Terron, en vue de permettre l'extension de cette armée vers le nord.

D'autre part, en vue de permettre au général Ruffey de se consacrer uniquement à son mouvement offensif, je résolus de constituer l'armée de Lorraine sous le comman-

    en avant par la 5e armée au nord de la Sambre et de la Meuse avec le concours du corps de cavalerie, de l'armée britannique et de l'armée belge qui essaieront de déborder par le nord l'attaque allemande ; ou bien, seulement un ou deux corps d'armée allemands passeront au nord de la Meuse : alors, la 5e armée passant la Meuse entre Namur et Givet prendra en flanc l'armée allemande, tandis que les Anglais, les Belges et le corps de cavalerie protégeront le flanc de la 5e armée française et prendront pour objectif toutes les forces allemandes au nord de la rivière." En même temps, le maréchal m'assurait de sa collaboration la plus cordiale.