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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/295

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les batailles de la frontière

droite était soumise à une sévère offensive ennemie, et qu'il était obligé d'abandonner ses projets d'offensive. Dans l'après-midi, le commandant Maurin, en liaison auprès de la 1re armée, téléphonait que cette armée s'était repliée mais qu'elle espérait pouvoir tenir sur ses nouvelles positions pour donner à l'armeé de Castelnau le temps de se ressaisir. A l'extrême droite, l'armée d'Alsace avait cessé d'avancer.

Ces graves nouvelles qui nous arrivèrent si brusquement dans la soirée du 20 et se confirmèrent durant toute la nuit ne laissèrent pas de me surprendre. En effet, les effectifs de la droite française paraissaient suffisants pour arrêter la gauche adverse dont les forces actives ne devaient compter, à notre connaisance, que les 5 corps bavarois, les XXIe, XVe et XIVe corps d'armée, ainsi que quelques éléments du XIIIe. J'étais d'autant plus surpris que, le matin encore, la 2e armée me faisait savoir qu'elle avait l'impression de n'avoir devant elle que de fortes arrière-gardes.

Par mesure de précaution, je jugeai peu opportun de dégarnir la 2e armée, et vers 18 h. 30, je donnai l'ordre de suspendre provisoirement les embarquements de la division de queue du 9e corps, et de la mettre à la disposition du général de Castelnau. En outre, je prévins le général Dubail de prendre toutes les mesures pour assurer la sécurité du flanc droit de son armée.

Pendant que ces événements se déroulaient à notre droite, la situation se précisait brusquement à notre gauche.

Tout d'abord, l'état-major de Namur avait confirmé d'importants passages de troupes sur la rive gauche de la Meuse entre Huy et Liége. Les aviateurs avaient reconnu, le 19 après-midi, des colonnes et des bivouacs entre Tirlemont, Jodoigne et la Meuse. Le 20, ils signalaient que sur les ponts en aval de Namur, il ne paraissait pas avoir passé pendant la matinée autre chose que les convois des corps d'armée allemands qui semblaient marcher contre l'armée belge. D'autre part, le mouvement de retraite de cette armée sur Anvers se poursuivait et devait