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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/415

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la bataille de la marne

fortement pressé, je puis résister sur place tant que je pourrai... ou me dérober, en temps utile, d'abord sur les positions de la forêt de Haye, Saffais, Belchamps, Borville, puis sur une autre, en essayant de durer, et continuer à couvrir le flanc droit du groupes d'armées." Or j'avais besoin, pour la réussite de la maœuvre que j'allais entreprendre, d'être assuré de la solidité de nos deux armées d'aile droite. On verra, dans les pages qui suivent, que la 2e armée fut pour moi, pendant la bataille de la Marne, la source de graves préoccupations.

Toutes nos forces, comme je l'avais écrit au ministre, étaient maintenant en ligne ou sur le point d'y arriver. Il ne restait guère comme troupes disponibles que la 2e division du Maroc, dont une brigade (général Cherrier) venait d'arriver en France, et dont l'autre (général Gouraud) ne devait achever ses débarquements que le 12 septembre.

De ce point de vue, les Allemands étaient dans une situation plus précaire que nous. Leur déploiement était depuis longtemps consommé ; notre aviation ne signalait aucune force dans le sillage de leurs armées, ce qui me confirmait dans l'idée que le commandant adverse ne devait point avoir de disponibilités. Bien mieux, les renseignements dont j'ai parlé plus haut signalant des transports importants de troupes allemandes à travers la Belgique, se dirigeant de l'ouest vers l'est, nous faisaient espérer que l'ennemi s'était affaibli devant nous. A vrai dire, nous ignorions à quel point cet affaiblissement nous était avantageux, car nous ne sûmes que plus tard que cet affaiblissement avait porté précisément sur la droite allemande contre laquelle je me préparais à faire porter notre effort maximum.


On a dit parfois que, dans la bataille moderne, le général en chef, après avoir mis ses forces en place et donné ses ordres initiaux, n'a plus qu'à attendre les résultats d'une partie dont le déroulement lui échappe.

Cette théorie était celle dont les Allemands avaient hérité du maréchal de Moltke. L'histoire montre, en effet,