Aller au contenu

Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/418

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
402
mémoires du maréchal joffre

l'objet de racunes motivées par des disgrâces que j'ai dû prononcer dans l'intérêt du pays.

Il n'en reste pas moins que, pendant la bataille, étant obligé de rester à mon poste[1] pour prendre à toute heure du jour ou de la nuit des décisions que comportaient les circonstances, j'ai pu commander à des armées dont la droite s'appuyait aux Vosges et dont la gauche, par les divisions du général d'Amade, s'étendait jusqu'à Rouen.

Avec le courage et la tenacité de nos armées, c'est la méthode de commandement française qui a triomphé à la Marne.


Il ne rentre pas dans mon dessein de raconter la bataille de la Marne. Le récit en a déjà été fait maintes fois. Je me bornerai à montrer dans les pages qui suivent quelle y fut mon action.


L'armée Manoury s'était établie, dès le 5 septembre, entre la forêt d'Ermenonville et la Marne, de Meaux à Ver. Sa droite eut, dès ce jour-là, quelques contacts avec l'ennemi, notamment à Penchard, Monthyon et Saint-Soupplets. Son objectif pour le 6 était l'Ourcq, de Lizy à Neufchelles. Mais elle se heurtat aussitôt à une résistance acharnée du IVe corps de réserve, soutenu peu après par le IIe corps d'armée, qui, ramené à marches forcées de Coulommiers, cherchait à déborder notre gauche par Étavigny. Le soir du 6, la 6e armée était arrêtée sur le front était encore loin de son premier objectif. Néanmoins, les premiers résultats de l'entrée en ligne de la 6e armée ne tardèrent pas à m'apparaître.

  1. Je me suis astreint pendant toute la bataille de la Marne, et pendant la phase délicate qui l'a suivie (exactement du 5 au 20 septembre) à ne pas quitter mon quartier général. Je ne sortais de mon bureau que pour faire tous les jours 2 à 3 kilomètres à pied pour prendre l'air, pour prendre mes repas, et pour aller choucher chaque soir au château "Marmont" que le colonel Maitre avait mis à ma disposition.