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la bataille de la marne

En effet, la 5e armée avait débouché, le 6 au matin, du front Sézanne, Villers-Saint-Georges, Courchamps, et s'était heurtée vers midi à l'ennemi. Le corps de cavalerie Conneau, au nord de la forêt de Jouy, couvrait sa gauche et assurait sa liaison avec l'armée anglaise. Celle-ci était partie le 6 au matin, non du front Changis-Coulommiers qui lui avait été assigné par l'Ordre général n°6, mais d'une ligne située à 15 kilomètres au sud-ouest, jalonnée par Pézarches et Lagny ; le 6 au soir, elle venait sans difficulté border par sa gauche la rive ouest du Grand-Morin, tandis que sa droite refusée restait dans la région de Pézarches.

Le 7 septembre, à 11 heures, Franchet d'Esperey me rendait compte que la Ire armée allemande était "en pleine retraite vers le nord sur le front Esternay-Courtacon..." et que la 5e armée poursuivait sa marche en avant. Le soir, tandis que son corps de droite (10e corps) appuyait vers Soizy-au-Bois la 42e division gauche de l'armée Foch, son centre et sa gauche atteignaient la ligne Morsains, Tréfols, Moutils, tandis que le corps de cavalerie Conneau arrivait à la Ferté-Gaucher. Quant à l'armée anglaise, elle parvenait le soir de ce même jour, sans avoir rencontré de résistance importante, jusqu'à la ligne Choisy, Coulommiers, Maisoncelles.

En revanche, notre 6e armée s'efforçait vainement d'atteindre l'Ourcq ; l'ennemi se renforçait devant elle, et parait aux tentatives d'enveloppement que, par Betz, Maunoury essayait de réaliser contre le droite de Kluck.

Le 7 au soir, la situation de l'ennemi en face de notre gauche nous apparaissait sous le jour suivant :

Pour faire face à l'attaque de Maunoury, qui manifestement l'avait surpris, Kluck avait constitué sur l'Ourcq un détachement comprenant le IVe corps de réserve, le IIe corps actif et la IVe division de cavalerie, tandis qu'avec le reste de son armée, il luttait face au sud contre la gauche de Franchet d'Esperey. Entre ces deux tronçons de la Ire armée allemande, un vide venait de se produire, en face des Anglais ; cette brèche était masquée par des forces de cava-