Aller au contenu

Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/421

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
405
la bataille de la marne

mis à la disposition du général de Langle le 21e corps d'armée qui devait être disponible, le 7, dans la région Wassy, Montiérender. Malheureusement, depuis le 7 au matin, la 4e armée se trouvait aux prises avec la IVe armée allemande renforcée par une partie de l'armée von Hausen (IIIe) ; et justement, par un concours de circonstances qui n'étaient pas imputables au général de Langle, la gauche de son armée, contrairement à mes ordres, était précisément le point faible de sa ligne : l'infanterie du 12e corps, qu'on avait dû évacuer par voie ferrée au cours des journées précédentes vers la région de Chavanges, n'alignait au sud de Vitry-le-François que quelques bataillons qui encadraient de leur mieux l'artillerie du corps d'armée, et le 17e corps, très fatigué lui aussi, avait atteint avec ses gros l'Aube vers Ramerupt, et commençait à peine à se reporter en avant de l'est de Mailly.

Il était d'autant plus difficile au général de Langle, pendant ces premières journées de bataille, de renforcer sa gauche, qu'à sa droite, où la lutte était très vive, un vide existait, marqué par la forêt de Trois-Fontaines, entre de Langle et Sarrail. Ce dernier s'en plaigniat vivement, et réclamait une action énergique du 2e corps (droite de la 4e armée) sur Revigny ou Contrisson, en attendant que le 15e corps, venant de la 2e armée, pût se concentrer au nord-ouest de Bar-le-Duc entre la Saulx et l'Ornain.

Ainsi, je pus craindre un instant de voir se disloquer le centre de mon dispositif par une double rupture se produisant aux deux ailes de la 4e armée.

Il n'en fut heureusement rien.

L'armée von Hausen engagée partie devant la droite de Foch, partie contre la gauche de l'armée de Langle, ne sut pas pénétrer dans le vide de 40 kilomètres qui existait entre ces deux armées, brèche que masquait bien imparfaitement notre 9e division de cavalerie. A partir du 8, l'infanterie du 12e corps reconstituée vint étoffer le front de la 4e armée, et le 21e corps arrivait le soir même à Sompuis, prêt à étayer la gauche de cette armée, mais trop tard toutefois pour obtenir dès ce jour-là un résultat tangible.