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mémoires du maréchal joffre

Pour ce qui regarde la 3e armée, j'adressai au général Sarrail, dans la journée du 7, deux ordres[1] qui devaient achever de l'orienter, dans lesquels je lui prescrivais de s'employer au profit de la 4e armée, comme cette dernière devrait travailler à appuyer la 9e. D'ailleurs, le 8 au soir, le 15e corps, après avoir fléchi entre la Saulx et l'Ornain sous la pression de l'ennemi, pouvait se reporter en avant, assurant la liaison entre les 3e et 4e armées.

Mais un nouveau danger vint alors menacer Sarrail : des détachements ennemis marchaient vers la Meuse en direction de Saint-Mihiel, et le 8, au soir, le fort de Troyon fut vigoureusement canonné par les Allemands. Pour parer à cette menace, le général Sarrail fit détruire les ponts sur la Meuse, et plaça en surveillance le long du fleuve la 7e division de cavalerie.

A vrai dire, la situation de la 3e armée devenait ainsi délicate parce que son chef se croyait obligé de conserver le contact avec la place de Verdun. Je lui adressai, le 8 à 20 heures, un ordre par lequel je l'autorisais, le cas échéant à replier sa droite pour assurer ses communications, et pour donner plus de puissance à l'action de son aile gauche. Par là, je luis marquais que j'attachais plus de prix à la liaison de la 3e armée avec la 4e, qu'avec la place de Verdun, qui, au demeurant, était bien capable de se défendre par ses propres moyens.

La veille, pour rassurer Sarrail et le soulager dans sa tâche, j'avais ordonné à Castelnau de diriger le 8 la 2e division de cavalerie vers la Woëvre, pour assurer les derrières de la 3e armée. Et le 8, dans le même ordre d'idées, j'approuvai le transport par voie ferrée sur Commercy d'une brigade mixte prélevée sur la place de Toul.

Tandis que la bataille croissait en violence sur tout le front et s'étendait maintenant au delà de la Meuse jusqu'en Woëvre, je ne négligeais pas les armées qui opéraient entre Nancy et les Vosges. J'avais puisé dans ces deux armées des forces très importantes, et je me proposais d'en pré-

  1. L'un à 8 h. 30, l'autre à 16 h. 15.