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la bataille de la marne

En outre, je m'efforçai de menacer les deux ailes de l'ennemi en retraite :

A droite, en ordonnant par radio au général Coutanceau, gouverneur de Verdun, d'attaquer avec toutes ses forces les convois ennemis qui franchissaient la Meuse au nord de Verdun.

A gauche, en poussant les divisions territoriales du général d'Amade dans la région de Beauvais[1].

Enfin, je faisais télégraphier à la 1re aréme d'embarquer le 13e corps d'armée à Épinal à destination du nord de Paris, car toute mon attention se concentrait maintenant sur la nécessité d'empêcher l'ennemi de se rétablir, et pour cela, je voulais renforcer encore l'armée du général Maunoury, que je considérais comme la pièce principale de notre manœuvre.

Ce soir-là, sans en mesurer encore toute la portée, j'eus la certitude de la victoire, et j'en marquai au ministre les premiers résultats : l'ennemi en pleine retraite devant ma gauche ayant déjà reculé de plus de 60 kilomètres, le centre allemand fléchissant devant Foch, et la gauche adverse pas encore ébranlée mais paraissant à bout de souffle.


Le 11 septembre, la victoire s'affirma sur toute la ligne.

La 6e armée atteignait la ligne Pierrefonds-Chaudun ; les Anglais franchissaient l'Ourcq supérieur ; Franchet d'Esperey, chassant devant lui de faibles arrière-gardes, portait ses têtes de colonnes au sud de la Vesle entre Chéry et Ville-en-Tardenois ; son corps de droite, le 10e, qui avait si puissamment contribué au succès de Foch, remontait de Vertus sur Épernay, pendant que la 9e armée venait elle-même border la Marne entre Sarry et Tours. La 4e armée progressait maintenant, elle aussi : sa gauche atteignait la Marne dans la nuit, en aval de Vitry ; à sa droite, le corps colonial occupait les passages de la Saulx et le 2e corps ceux de l'Ornain en liaison avec la gauche

  1. Ordre particulier du 9 septembre.