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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/77

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l'artillerie

Je partageai l'opinion du général de Lamothe : à mon avis, il y avait urgence à aboutir à des résultats pratiques. J'insistai auprès du ministre pour que ce matériel ne fût pas éliminé à priori ; en laissant au Creusot quelque temps pour améliorer le matériel qu'il venait de nous présenter, j'étais persuadé qu'il parviendrait à nous donner à bref délai satisfaction. En effet, les épreuves furent reprises, et l'envoi aux manoeuvres d'automne de deux pièces d'essai de ce matériel fut décidé.

L'épreuve des manoeuvres de 1912 fut nettement favorable aux deux matériels du Creusot, au double point de vue de la mobilisation et des facilités de traction. Les résultats acquis me confirmèrent dans ma conviction que nous devions avoir une artillerie lourde de campagne : beaucoup de problèmes tactiques qui se posèrent au cours de ces manoeuvres ne purent être résolus qu'avec l'aide de ces matériels.

En janvier 1913, j'assistai à Calais à une nouvelle série de tirs du canon long du Creusot qui furent si satisfaisants que la Commission conclut à son adoption, sous réserve que le calibre en serait réduit à 105 millimètres. En rendant compte de ces résultats au ministre, j'insistai pour que, sans retard, la commande de ces matériels fût passée.

Mais, les services techniques, en défiance contre ces matériels qui n'avaient été ni conçus ni exécutés par eux, exploitèrent auprès du ministre les inconvénients reconnus au canon long du Creusot, et obtinrent le principe de l'adoption d'un calibre voisin de 135 millimètres, lançant à 135 millimètres, lançant à 18 kilomètres un projectile de 40 kilos environ. En outre, une série d'études furent poussées en vue de moderniser nos vieilles pièces de 120 et de 155 long de Bange. Cette intervention risquait de retarder l'aboutissement de cette question qui n'avait jusqu'ici subi que trop de retard.

Dans le même temps, les premiers renseignements sur la guerre des Balkans commençaient à nous arriver. Le général Herr, commandant l'artillerie du 6e corps d'armée, ayant passé les mois de novembre et de décembre 1912 sur le théâtre de la guerre, publiait en février 1913 ses impressions :