Page:Mémoires et compte-rendu des travaux de la Société des Ingénieurs Civils de France, avril 1905.djvu/118

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douze ans et les dépenses arriveraient à égaler les recettes au bout de cinq ans et demi, le tarif étant fixé à 1 dollar par tonne nette.

Ce canal serait au niveau de la mer, sa longueur compterait 41 miles et demi (66 km) en ne parlant pas des portions submergées dans chaque Océan. Il aurait une largeur de 150 pieds (45 m) et une profondeur de 40 pieds (12,20 m), ses talus ne devraient pas dépasser 2,5/1 ; sa largeur au niveau de l’eau serait donc de 350 pieds (107 m) et son profil en travers présenterait une surface de 10 000 pieds carrés (929 m2).

Dans la Culebra on lui donnerait des dimensions un peu différentes : 190 pieds (58 m) au plafond et 210 pieds (64 m) à la surface, les berges à 1/4, ce qui donnerait un profil en travers de 8 000 pieds carrés (743 m2). Dans ces conditions, des défenses placées sur les rives permettraient de les maintenir en bon état.

On placerait une écluse à la Boca et l’autre à Mindi, elles mesureraient 1 000 pieds X 100 pieds (350 m X 30), dimensions nécessitées par les proportions croissantes des navires (les derniers Cunard ayant 780p X 88p). Le niveau de l’eau serait à + de 20 pieds au dessus de la mer moyenne. À ces deux extrémités on formerait deux lacs à niveau peu élevé : celui du Nord (lac Chagres) au moyen de digues réunissant entre elles les collines situées à l’Ouest et à l’Est de Mindi et d’un barrage en travers du Rio-Chagres, sa superficie représenterait 29, 5 miles carrés (7 760 ha) et sa longueur 11,8 km ; l’autre (lac de Panama) mesurerait 7 miles carrés (1 620 ha) et 5, 5 km. On entrerait dans chacun de ces lacs par des écluses, le niveau en serait réglé par des barrages insubmersibles. On aurait ainsi 17 miles 1/4 de navigation en lac : de Mindi à Buena-Vista et de Miraflores à la Boca (ce qui donne 6 miles de plus que dans le projet basé sur le lac Bahio.)

Pour régulariser le Rio-Chagres on établirait des barrages à Alhajuela et à Gamboa, leur retenue totale serait de 900 000 000 m2 d’eau, s’écoulant sur les deux versants avec un courant maximum de 3 pieds (0,90 m) à la seconde.

En somme, ce projet n’est pas celui d’un canal, mais bien d’une rivière canalisée avec deux directions d’écoulement conduisant chacune à un lac de grande étendue et facilement réglable. Les barrages seraient semblables à celui d’Assouan, qui retient six fois plus d’eau.

Le lac Chagres rendrait la contrée plus salubre en submergeant tous les marais et permettrait d’ériger une nouvelle ville de Colon plus saine que l’ancienne ; en aval seraient situés les wharfs, les bassins et les dépôts de charbon. La passe des digues ne devrait pas avoir plus de 700 pieds de large (215 m) eu égard aux vents du Nord.

Pour la construction, on pourrait utiliser une grande partie des tranchées faites par les Français et on devrait d’abord ériger les barrages et créer les lacs afin de pouvoir draguer l’emplacement du canal en ces endroits. On emploierait l’électricité seulement pour l’éclairage des chantiers et dans les ateliers, mais non pour les outils placés à l’extérieur ; il serait avantageux d’installer une conduite de pétrole tout le long du tracé, ce qui présenterait plus d’économie que le charbon et permettrait en outre de détruire les moustiques.

Pendant la période d’exploitation, les pilotes s’éclaireraient au moyen