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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/355

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qu’elles soient durables, qu’elles s’étendent, et que tous les citoyens éclairés et vertueux les secondent, afin que vos sages conseils et vos grandes vues, pour le bonheur et la liberté de l’Amérique, influent sur les mesures qui restent à prendre, et consolident l’édifice dont vous avez jeté les fondemens avec quelques autres bons patriotes. C’est le souhait que je fais du fond de mon cœur, non pas comme votre ami et pour votre gloire, mais comme cosmopolite, et désirant qu’il y ait, sur la face de la terre, un pays où le gouvernement soit véritablement occupé du bonheur des hommes ; où la propriété, la liberté, la sûreté, la tolérance, soient des biens, pour ainsi dire, naturels comme ceux que donnent le sol et le climat ; où les gouvernemens européens, lorsqu’ils voudront revenir de leurs erreurs, puissent aller chercher des modèles. Les colonies grecques étaient obligées de rallumer leur feu sacré au prytanée de leur métropole. Ce sera le contraire, et les métropoles d’Europe iront en Amérique chercher celui qui ranimera chez elles tous les principes du bonheur national, qu’elles ont laissé s’éteindre. Qu’on établisse surtout, parmi vous, la liberté du commerce la plus entière et la plus illimitée : je la regarde comme aussi importante au bonheur des hommes réunis en société, que la liberté politique. Celle-ci ne touche l’homme que rarement et par un petit nombre de points ; mais la liberté de cultiver, de fabriquer, de vendre, d’acheter, de manger,