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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/63

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l’habitude de l’application et du travail, qu’il commençait encore à tourner davantage vers tout ce qui tenait à l’administration, il écrivit en 1754, un petit ouvrage qui est demeuré inconnu, et qu’on ne distribua que sous le manteau ; un ecclésiastique, qui voulait être évêque, étant bien forcé, en ce genre, d’être sage avec sobriété, sapere ad sobrietatem, et de cacher un peu sa sagesse.

Cet ouvrage est le Conciliateur, brochure de cinquante et quelques pages, mais où les principes de la tolérance, les principes sains et vrais, sont énoncés d’une manière nette, précise, complète, et solidement établis. J’en parlerai peut-être.

Après avoir donné quelque idée de ces deux hommes, les plus marquans de ceux avec qui je suis entré dans le monde, je reviens à moi-même et à la Sorbonne.

Devenu membre de cette société, j’ose dire que je gagnai l’amitié ou la bienveillance de la plupart de mes confrères. On ne m’appelait que le bon Morellet. J’étais, comme je n’ai pas cessé de l’être, violent dans la dispute, mais sans que mon antagoniste eût à me reprocher les moindres injures. Ma chaleur n’était que pour mon opinion, et jamais contre mon adversaire ; et je crachais quelquefois le sang, après une dispute dans laquelle je n’avais pas laissé échapper une seule personnalité ; du reste, prenant tout bien, ne jugeant point en mal,