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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/72

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Pour achever de donner une notice de mes travaux de politique ou de littérature, dans les années 1795 et 1796, je dirai d’abord quelque chose de deux mémoires que j’ai faits pour Mmes Courbeton et Trudaine ; la première, veuve d’un président au parlement de Dijon, égorgé comme émigré par le tribunal révolutionnaire de la Côte-d’Or ; la seconde, veuve de l’aîné des Trudaine, petit-fils de celui qui a établi en France cette admirable école des ponts et chaussées, et enrichi sa patrie de ces beaux chemins qui faisaient l’admiration des étrangers, et qui vont se dégradant sans remède sous un gouvernement destructeur#1. Le président avait été assassiné, comme je l’ai dit, par le tribunal révolutionnaire de la Côte-d’Or ; son fils aîné et les deux Trudaine, par le tribunal de Paris.

Les biens du président de Courbeton étaient saisis par la nation, non-seulement comme biens de condamnés (car ils auraient été rendus à sa famille en vertu de la loi générale qui avait ordonné cette restitution), mais comme biens d’émigrés, et soumis ainsi au séquestre. Le président et sa femme étaient sortis de France en 1791 pour voyager en Italie. Rentrés l’un et l’autre en mars 1792, avant le terme fatal, ils étaient munis de tous les certificats qui pouvaient attester leur retour et leur [1]

  1. Écrit vers 1800.