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Page:Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture, tome 2, 1854.djvu/123

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Hyacinthe Rigaud perdit son père à l’âge de huit ans, mais sa passion pour la peinture n’en devint que plus forte et le porta à s’y appliquer avec encore plus de soin. Marie Serre, sa mère, ne voulant point s’opposer à l’inclinaison qu’il sembloit avoir hérité de ses pères, l’envoya, âgé de quatorze ans, en Languedoc, chez un peintre de Montpellier, nommé Pezet, peintre médiocre, où il demeura en pension l’espace de quatre ans, après lesquels, jugeant bien lui-même qu’il avoit besoin d’un maître plus habile, il partit pour Lyon.

Il y passa quelques années et vint à Paris en 1681, dans la vue de s’y perfectionner, en voyant les ouvrages des excellents peintres qui composoient la célèbre Académie que le roi Louis XIV avoit établie au commencement de son règne. En 1682, il y gagna le premier prix de peinture. Le sujet du tableau qu’il composa étoit le bâtiment de la ville de Hénos, fils d’Adam.

Comme il est de la règle que les étudiants qui ont l’honneur de remporter le prix, soit de peinture, soit de sculpture, aillent à Rome, en qualité de pensionnaires, à l’Académie que le roi y entretient, l’illustre M. le Brun, premier peintre du roi, ayant vu plusieurs portraits de la main de ce jeune peintre, et les trouvant d’une force au-dessus de son âge, lui conseilla de s’y appliquer entièrement. Le conseil d’un si grand maître lui fit prendre le parti de renoncer au voyage d’Italie.

Il fit pour lors le portrait de M. Girardon, sculpteur du roi, célèbre par les excellents ouvrages qu’il a faits dans les jardins de Versailles, et par l’incomparable mausolée du cardinal de Richelieu, qui est dans l’église de Sorbonne.

Rigaud, en continuant le portrait, eut l’honneur, en 1688, de peindre Monsieur, frère unique du roi, et le