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Page:Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture, tome 2, 1854.djvu/128

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En 1708, il eut ordre de la reine d’Angleterre d’aller à Saint-Germain en Laye, pour commencer le portrait de Jacques III, son fils, roi de la Grande-Bretagne. Cette même année 1708, il commença le portrait de M. le comte de Toulouse, fils du roi et grand amiral de France. Ce portrait est sur une toile de cinq pieds de haut ; dans le fond est une marine agitée par la tempête.

En cette même année, messieurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture, ayant pris pour protecteur M. le duc d’Antin, devenu surintendant des bâtiments par la mort de M. Mansard, Rigaud fut choisi par cet illustre corps pour faire le portrait de ce seigneur, pour être placé dans la salle où ils tiennent leurs assemblées, et lorsqu’il eut fini, il leur en fit présent, orné de la bordure. Ce portrait est sur une toile de quatre pieds et demi.

Enfin la même année 1708, M. le cardinal de Bouillon, doyen du sacré collège, s’étant retiré à Rouen par ordre du roi, envoya un de ses officiers à Paris, chez Rigaud, pour lui remettre une lettre écrite de sa main, par laquelle il le prioit de venir faire son portrait dans cette ville. La composition du tableau est superbe par la richesse du sujet qu’il représente ; il a dix-huit pieds de haut sur sept de large. Cette altesse éminentissime y est peinte, faisant l’auguste cérémonie de l’ouverture de la porte sainte, avec tous les attributs convenables à cette fonction.

Hyacinthe Rigaud étant né à Perpignan, en Roussillon, on ne doit point oublier la marque éclatante d’estime que sa patrie lui a donnée. La noblesse de Roussillon a un privilège fort glorieux, qui lui a été accordé par les rois et reines de Castille et d’Aragon, l’an 1449, en témoignage de sa fidélité envers ses princes. Ce privilège a été depuis confirmé par les rois de France et d’Espagne,